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Le Tricheur à l'as de carreau

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Le Tricheur à l’as de carreau est une huile sur toile peinte par Georges de La Tour entre 1636 et 1638. Cette scène de genre est actuellement conservée au musée du Louvre. Les circonstances de la réalisation de cette toile ainsi que le destinataire d’origine sont toujours inconnus. Cette toile prend de l’ampleur auprès des historiens d’art et du grand public à l’occasion de l’exposition « Peintres de la réalité en France au XVIIᵉ siècle », tenue au musée de l’Orangerie de novembre 1934 à février 1935. En 1972, une rétrospective est consacrée à de La Tour. Le Tricheur Landry, du nom de son ancien propriétaire, devient Le Tricheur à l’as de carreau pour le distinguer du Tricheur à l’as de trèfle, en référence à la carte qu’il sort de sa ceinture. Au cours de cette exposition, le département des peintures du musée du Louvre annonce l’achat du tableau de Landry, pour la somme inédite de 10 000 000 de francs.

La toile représente quatre personnages cadrés à mi-corps, répartis autour d’une table de jeu recouverte d’une nappe. Les protagonistes se détachent sur un fond sombre, on remarque une bande plus claire à droite qui permet d’indiquer au spectateur où se déroule la scène. Au premier plan à droite du tableau, on remarque un jeune homme légèrement excentré de la scène. Il est très richement habillé, de manière exubérante, dans des tons chauds, rouge orange : c’est la victime. Il regarde attentivement ses cartes, une grosse somme d’argent est posée devant lui. Au centre de l’œuvre, deux femmes : l’une est assise portant un large décolleté, des boucles d’oreilles, des bracelets et un collier de perles : c’est la courtisane. A cette époque, les perles sont traditionnellement un attribut de la prostituée. La lumière donne à son teint une blancheur presque irréelle. Elle a les épaules légèrement tournées vers le tricheur à gauche. De sa main droite elle s’adresse au tricheur qui ne la regarde pas. Ses yeux en coin regardent vers le haut, vers la servante. Cette dernière, debout et légèrement penchée, tient dans ses mains un verre de vin et une « carafe ». Elle est coiffée d’un turban satiné couleur jaune orangé : c’est la servante. A gauche, se trouve en bout de table assis de trois-quarts dos, le personnage dont le tableau tire son nom. Son coude droit posé sur la table révèle son jeu au spectateur : il a dans la main trois cartes, et dans la main gauche, il tire de sa ceinture l’as de carreau qui y est glissé, en laissant l’as de pique en réserve. L’une des aiguillettes noires dénouées de son vêtement est tordue en direction de la carte cachée semblant dénoncer son geste. Les yeux en coins, un léger sourire, il dirige son regard vers l’espace situé au-devant de la toile : le spectateur qui pourrait avoir la place d’un quatrième joueur, est ainsi directement impliqué dans la scène, dans la partie. Enfin, entre son coude et le rebord de la table, dans l’ombre se trouvent deux pièces d’or.

Il semblerait que les personnages jouent au jeu de prime,  un jeu de paris ancêtre du poker à quatre cartes. Avec l’as, le sept et le six de carreau, le tricheur pourra réaliser la plus forte combinaison du jeu : le « grand point » ou « cinquante-cinq ».

Les attitudes et les regards nous permettent d’identifier la complicité d’un trio composé de la courtisane, qui s’adresse des yeux à la servante et du doigt au tricheur, de la servante, qui tend à la courtisane un verre de vin tout en regardant vers l’avant du cadre, et du tricheur, qui fixe également l’avant du cadre, tous trois sont de mèche pour dépouiller le quatrième personnage. La combinaison des mains est également travaillée, les mains des complices sont regroupées dans un petit espace. Le clair-obscur est subtil mais bien présent. Par exemple, ce n’est pas tant la pose que le jeu du tricheur qui le dénonce : son dos est en pleine lumière, de même que les visage des trois autres personnages. Le tableau reprend un sujet introduit par Caravage : celui du joueur inexpérimenté dupé par des personnages de mauvaise vie. Le peintre fait passer un message moralisateur, celui du danger que représentent le jeu, le vin et les femmes. Ces trois tentations, auxquelles le jeune homme est ici soumis, sont sur le point de le perdre.

L’œuvre a fait l’objet d’un agrandissement, visible à l’œil nu : une bande de tissu a été ajoutée dans la partie haute du tableau. Sans doute au début du XVIIIᵉ siècle, les collectionneurs n’appréciant plus les cadrages resserrés, ils font agrandir les tableaux. Le nouveau cadrage amoindrit la composition et amoindrit la tension.

Il s’agit de la seule œuvre de l’exposition dont le message est explicitement moral. Ici, la luxure, l’envie, l’hypocrisie et l’oisiveté sont clairement perceptibles à travers ce tableau, représentant une forme de transgression immorale.

 

 

 

Cartel

Le Tricheur à l'as de carreau,

Georges de LA TOUR

Vers 1635-1638

Huile sur toile

H. : 1,06 m. ; L. : 1,46 m

Musée du Louvre

© Musée du Louvre / A. Dequier - M. Bard

Le Tricheur à l’as de trèfle

Tricheur à l'as de trèfle, Georges De La Tour, 1626-1629

Kimbell Art Museum, Texas

 

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