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La Liberté guidant le peuple

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Cette œuvre est une reproduction deux fois plus petite du tableau d’Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple peint en 1830. L’original est une huile sur toile, exposée au Louvre. Delacroix est connu pour de nombreux tableaux dont Dante et Virgile aux Enfers, La Mort de Sardanapale ou L’Assassinat de l'Évêque de Liège. Mais son tableau le plus célèbre reste celui-ci. Il est aujourd’hui l’un des peintres les plus connus de son époque. Cette œuvre fut présentée pour la première fois au Salon de Paris de 1831 sous le nom de Scène de barricade. Elle fut très mal reçue par le public mais fut pourtant achetée par le roi Louis-Philippe. Ce tableau a été peint dans un contexte historique mouvementé. Il est le symbole des quatre mille barricades parisiennes des Trois Glorieuses, nom donné aux trois jours de la Révolution de juillet 1830.

 

On peut constater que le tableau n’est pas fait d’un seul tenant mais de trois bandes de toiles horizontales. Elles correspondent aux trois niveaux de l’œuvre qui suit la règle des trois tiers, c’est-à-dire que l’œuvre est divisée en trois parties égales, tant horizontalement que verticalement. La ligne horizontale supérieure isole la femme comme seule représentation humaine dans la partie haute, et les lignes verticales la présentent comme le personnage central.

 

 

Le premier niveau au bas de la toile est celui des morts. A gauche, le corps dépouillé de son pantalon, avec les bras étendus et la tunique retroussée, rappelle par sa posture le cadavre en chemise retroussée du Radeau de la Méduse de Géricault. A droite, on peut identifier deux soldats de Charles X : un officier de la gendarmerie royale reconnaissable à sa longue veste bleue aux épaulettes blanches et un carabinier de la garde royale, reconnaissable à sa cuirasse.

 

Le deuxième niveau est celui des combattants et des blessés. Aux pieds de la femme, un homme se redresse. Sa chemise bleue évoque son statut de paysan employé temporairement à Paris. Il est le seul à voir cette femme. Autour de la femme se trouvent les insurgés : ils représentent les différentes classes sociales se battant pour la liberté. L’homme au chapeau haut de forme et à la ceinture rouge tient un tromblon* de chasse. Il pourrait s’agir d’un artisan ou d’un chef d’atelier. Juste derrière se tient un ouvrier, reconnaissable à son pantalon à pont et à son tablier. Il tient un sabre de l’infanterie napoléonienne appelé briquet. A ses pieds, un adolescent agrippe un pavé et porte le bonnet d’un voltigeur de la garde nationale, une milice bourgeoise hostile à Charles X. A droite, le gamin des rues est coiffé de la faluche* des étudiants et porte en bandoulière une giberne* d’un soldat de Charles X. C’est le futur Gavroche de Victor Hugo, décrit dans Les Misérables trente ans plus tard. On aperçoit aussi un étudiant de Polytechnique avec son bicorne* bonapartiste. Même les tours de Notre-Dame participent à cet élan révolutionnaire puisqu’elles portent un drapeau tricolore.

La femme au troisième niveau est coiffée du bonnet phrygien qui est un symbole de liberté. Elle incarne la Liberté et rappelle la Révolution de 1789 ainsi que la souveraineté du peuple. Personnage principal du tableau, cette allégorie* est représentée en pied et éclairée de toutes parts. Sa poitrine dénudée fait référence aux Victoires ailées de l’Antiquité. Pourtant, en la représentant armée d’une baïonnette de 1816, son bras levé laissant voir la pilosité de son aisselle, Delacroix rend son allégorie bien réelle : il en fait une simple fille du peuple ancrée dans la réalité des Trois Glorieuses, la peau noircie par la poudre à canon et la crasse.

 

Le tableau présente une composition pyramidale. Le point de vue en contre-plongée du spectateur renforce le caractère dynamique et héroïque des personnages. La peinture est assez sombre de par la présence de fumée. La lumière transversale permet de dessiner énergiquement les formes par de forts contrastes ombre/lumière. La palette de couleur est homogène : c’est un camaïeu* de beiges et de bruns, sur lequel les seules couleurs vives sont le bleu, le blanc et le rouge qui apparaissent comme un leitmotiv : drapeau, foulard et ceinture de l’ouvrier, vêtement du paysan, uniforme du gendarme, etc. Ce tableau représente l’assaut final. La foule converge vers le spectateur, portant en elle la vertu du courage et du sacrifice, mais aussi la colère de tout un peuple qui laisse dans son sillage des milliers de morts. Par sa fusion inédite du réel et de l'idéal, Delacroix propose une version nouvelle et émouvante de l’Histoire : celle du peuple parisien en marche vers la liberté. Incarnant la désobéissance civile, cette œuvre transforme la transgression de l’ordre en vertu civique.

 

 

Cette œuvre est aujourd’hui célèbre car elle est devenue l’un des symboles de la République et de la Liberté. Ce symbole s’est banalisé au point de figurer à partir de 1978 sur les anciens billets de cent francs et sur les timbres d’usage courant, qui ont transformé à partir de 1982 le profil de la Liberté en celui de Marianne.

 

Cartel

La Liberté guidant le peuple,

Eugène Delacroix

1831

Huile sur toile

H. : 2,60 m. ; L. : 3,25 m

Musée du Louvre

© Musée du Louvre

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Le Principe des trois tiers

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Composition Pyramidale

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